Une psychologue décrit le traumatisme subi par les enfants soldats

Par Wairagala Wakabi (AR No. 209, 9-Apr-09)

Une psychologue décrit le traumatisme subi par les enfants soldats

Par Wairagala Wakabi (AR No. 209, 9-Apr-09)

Mardi, une psychologue clinicienne a expliqué lors du procès de Thomas Lubanga que les ex-enfants soldats présentaient une forme aiguë du trouble de stress post-traumatique (TSPT).



La psychologue Elisabeth Schauer a cité une étude menée sur 1 100 personnes enlevées en Ouganda qui a constaté un TSPT pour 40 pour cent d’entre celles qui étaient restées en captivité plus d’un mois. E. Schauer, directrice de l’ONG allemande Vivo International et qui a travaillé auprès d’ex-enfants soldats, a déclaré que 27 pour cent des enfants qui étaient restés avec des rebelles pendant moins d’un mois souffraient de TSPT.



Lubanga, dirigeant de l’Union des patriotes congolais (UPC) et de sa milice, est jugé à la Cour pénale internationale (CPI) pour avoir recruté des enfants soldats en 2002 et 2003.



Le juge Adrian Fulford a demandé à Schauer si ceux qui souffraient de TSPT avaient des souvenirs fiables des évènements subis et s’ils étaient capables de les raconter dans un ordre chronologique cohérent.



Elle a répliqué qu’ils ne pouvaient se remémorer d’évènements ponctuels sans que l’ensemble des souvenirs ne refasse surface. Elle a indiqué que, par conséquent, ils leur étaient souvent difficile de parler de leurs expériences traumatisantes.



Schauer a précisé qu’il était moins coûteux de recruter et d’entretenir des enfants soldats que des adultes. Ils étaient également considérés comme étant plus intrépides et plus désireux de se battre et qu’il était plus facile de les endoctriner étant donné leur manque d’appréciation du danger.



Le procureur Nicole Samson a demandé pourquoi les enfants étaient considérés comme plus intrépides. Les témoins ont répondu que, la société africaine étant très hiérarchisée, les jeunes suivent toujours les ordres des adultes.



« Un commandant est supposé être une personne qui inspire le respect et une grande confiance. Et s’il indique ce qui doit être fait et que, de plus, il s’agit d’une bonne chose, il n’est pas possible à un enfant de discuter cette décision », a indiqué Schauer.



Le témoin a expliqué que le fait de témoigner lors de procès impliquant leurs anciens commandants posait de nombreux problèmes aux ex-enfants soldats.



« Il leur est difficile de s’asseoir face à la personne qui prenait des décisions de vie et de mort les concernant », a-t-elle déclaré.



« Il est malaisé pour un enfant à qui on a jamais demandé son avis, mais au contraire de suivre les ordres, de livrer sa version de la vérité. Cela peut représenter un véritable défi de donner sa propre opinion et être très intimidant.



La psychologue a précisé que certains enfants de l’Afrique sub-saharienne croyaient également au pouvoir spirituel de leurs chefs. Elle a ajouté qu’il était possible qu’ils aient eu peur que l’esprit de leur commandant ne les suive jusque chez eux s’ils témoignaient contre lui.

Répondant aux questions de Samson, Schauer a rétorqué que les ex-enfants soldats devaient être certains qu’ils ne seront pas sanctionnés pour leurs témoignages.



La Cour, qui a entendu la déposition de 17 témoins depuis le début du procès, le 26 janvier, est actuellement en vacances judiciaires jusqu'au 5 mai.



Wairagala Wakabi couvert le procès Lubanga pour l’Open Society Institute et l’IWPR. Ses mises à jour quotidiennes peuvent être retrouvées sur www.lubangatrial.org.



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